NON, AU GHANA, LE LIVE CA SE VIT

Pat Thomas (71 ans aujourd’hui bien sonnés) fait partie des grands acteurs de l’âge d’or du high life. Comme tout bon musicien de cet âge, Pat Thomas s’est naturellement forgé dans la real music du live. Après de bonnes expériences acquises à partir de 1971 dans divers orchestres prestigieux d’Accra, il est bon de savoir que Pat Thomas a posé ses valises à Abidjan en 1973.

À Abidjan, Pat thomas formera le groupe Les Satellites. Même si l’expérience aura été de courte durée, Pat Thomas et Les Satellites enregistreront deux albums entre 80 et 82 au JBZ. L’album sorti en 1982, ‘’Pat Thomas in action’’, comporte deux titres, Asante Kotoko et le très swingant Mewo Akoma, joué ici en live sur la scène d’AFRIKA FESTIVAL, au Pays Bas, le 2 juillet 2016.

Devant un public envahi par les ondes pures d’un savoureux high life, Pat Thomas et le Kwashibu Area Band ont fait la démonstration de ce qu’il est convenu d’appeler la Musique live, au pur sens du mot. Ou l’art de la pratique de la musique vivante. Musique vivante par excellence au cours de laquelle chaque musicien crèche sur son instrument, s’exprime, lui donne la parole, lui donne une âme, et en tire toute la substantifique moelle. Ne serait-ce que sur ce titre, Mewo Akoma, Pat Thomas et le Kwashibu Area Band nous donnent de voir un beau récital et une belle leçon de live avec de vrais musiciens : concentration, maitrise, décontraction, sourire aux lèvres, jeu avec le public, joie de vivre… Non, ces mecs ne jouent pas de la musique, ils la vivent. Ils ne produisent pas de la musique, ils la respirent. Et ils la communiquent au public.

Voyons Pat Thomas lui-même, lead-vocal, au chant et sur les p’tis tambours Akète, chantant et dansant, pour amener le band à se sublimer. Rien qu’avoir l’expression du visage du percussionniste, Éric Owusu, on réalise que concentration et joie de vivre sont au rendez-vous. La section Cuivre est elle aussi loin d’être statique. Quand ils ne sortent pas des riffs, Benjamin Abarbanel-Wolff (saxophone) et Philip Sindy (trompette) font parler castagnettes et maraca, en soutien à la rythmique. Que dire donc du jeu du métronome de cet orchestre, le virtuose et multi-instrumentiste, Kwame Yeboah, clavier, guitare solo, choriste et clochettes. Le live prend ici une autre dimension pour permettre au titre de prendre son envol.

Après ses lignes de guitare ensorcelantes et enivrantes qui font la magie du high life, le voici qui donne le la à partir de la 4ème minute et 48 secondes pétantes. Il dépose sa guitare, va chercher le bassiste, Emmanuel Kwadwo Ofori, dont le jeu de bass sonne comme de la percussion. Il l’emmener au-devant de la scène. Il ira ensuite chercher ses clochettes (kokowa) pour le rejoindre dans ses cognées de bass. Et avec l’ensemble de l’orchestre, il fera tanguer ce bateau ivre des bords de l’Amstel, rendant fou ce public de bons vivants. Il ira ensuite apporter encore plus de punch au percussionniste, Owusu, et au batteur, Prince Larbi. Le tout dans une élégance musicale chaloupée, vivante, plaisante et parfaitement maitrisée, emmenant ce show à son paroxysme…

La musique ? C’est d’abord le live. Et essentiellement, d’ailleurs. Le bonheur d’être sur scène, le plaisir d’offrir du spectacle à travers sourires et autres expressions émotionnelles. Le public est-il venu pour émotions, plaisir et joie? Alors Pat Thomas et le Kwashibu Area Band en ont donné. À satiété. À souhait et à volonté…

Manu Waah

Related Posts

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *