Alpha Blondy

ALPHA ET SON NOUVEAU MATOS TOS TOS TOS…

Mars 1985 …

Alpha Blondy

Alpha Blondy & le Solar System se préparent activement à jouer pour la première fois sur la scène du Palais des Congrès de l’Hôtel.

Alpha n’avait alors que deux albums (Jah Glory – 1983 et Cocody Rock – 1984) et un maxi single (Rasta Poué – 1984) sur le marché.

Il fit venir d’Europe le 6 février 1985, son tout premier matos. Un puissant matos flambant neuf – le tout premier – censé cracher du son de feu et du métal dans les stades.

Alpha habitait en Zone 4 et avait baptisé sa villa ‘’Houphouët kro.

Pour les besoins de la cause, Hélène Lee, la compagne du moment, ira voir les voisins du quartier pour solliciter leur indulgence, quant aux nuisances sonores et aux bruits de voisinage qu’occasionnerait lors des répèt’, le colosse nouveau jouet de son voisin de lit… Les voisins n’en demandaient pas mieux. Eux, des voisins privilégiés. Eux qui, sans bouger de chez eux, recevaient gratuitement des tonnes de décibels des titres connus et autres inédits de la star la plus convoitée du moment. C’était quelque chose, à l’époque. Ils durent remercier Dieu… pour ce cadeau du ciel…

La bande-annonce qui passait à la télé était soutenue par la voix chaude et tonique d’Assi Akawa de Radio CI. Qui disait : « …Et Dieu créa Alpha. Et Alpha créa le Reggae-lumière…Avec ses nouvelles chansons…. Et son nouveau matos tos, tos, tos (repris en échos) ».

Avec une séquence de répétitions devenue culte : le fameux ‘’Samou, tak’ n’djoula !!! Le Solar System cravachait dur lors des répétitions avec les Sam Koné, Samba Lee, Georges Kwaku, Kamasa Seth, Manu Yodan, Yao Mao… Alice Sofa faisant partie des Choristes.

Pour la présentation de ce show inédit, les organisateurs firent venir de Paris l’inégalable et chaleureux animateur de RFI, le tonitruant Gilles Obringer, présentateur de l’émission des musiques noires urbaines, Canal Tropical (aujourd’hui Couleurs Tropicales).

La veille du concert, le vendredi 15 mars 1985, Alpha est reçu sur le prestigieux plateau du JT du Vendredi 20 H de l’éloquent et brillantissime présentateur, Jésus Kouassi Yobouet. On ne pouvait pas faire mieux en ce temps-là. C’était le top. Rien à dire : le concert était bien vendu.

Alpha se présentera sur ce plateau, avec un casque de pilote de chasse russe sur la tête (qui cachait bien quelque chose), rajoutant à sa mystérieuse légende d’artiste déjà surfaite…

Ce soir du samedi 16 mars 85, Alpha fit son tout premier Palais des Congrès, ‘’inaugurant’’ ainsi son tout premier nouveau matos. De mémoire, c’était aussi la toute première fois que l’entrée d’un concert d’artiste Ivoirien était fixée à… 10 000 f !

Salle comble et surchauffée. Chaleur étouffante, dira la presse. Plus de place, même pour une aiguille. À tel point que la Télévision nationale se vit dans l’obligation de faire un direct pour les téléspectateurs calés chez eux… Rouge de chaleur et transpirant à grosses gouttes, le regretté toubabou, Gilles Obringer de RFI, lança le concert en annonçant Alpha, retranché dans sa loge avec Hélène Lee.

Alpha et Helene

L’artiste se présenta dans une salopette orangée. Et après son chant de prière introductif, Alpha fit sauter son casque de pilote de chasse russe sous les cris des fans. Et ô, miracle ! Le crâne était rasé. À la place des dreads, notre Rasta était pour la première fois ‘’coco taillé’’…

Alpha tête rasée

Ce soir-là, le nouveau trop puissant matos mal maitrisé fit des siennes à Jean-Pierre, l’ingénieur de son du Solar System, venu lui-aussi de Paris. Mais bon, les fans en avaient eu pour leur argent. Une semaine plus tard, le samedi 23 mars 85, le couvert fut remis. Cette fois au Félicia. Alpha Blondy, le Solar System, et son nouveau matos. Avec l’entrée fixée à 1 000 f. Le Félicia est ‘’gbé’’.

Alpha au Felicia

Cette fois, avec tous les ‘’Jah pipol et les Jah poin poin’’. Mixage alambiqué de Rastas cool, Rastas fous, et Rastas poué. Ce jour – là, le grand Waraba, l’imposant Mamadou Ben Soumahoro était pour la circonstance, à la billetterie. Cette fois, le nouveau matos est maitrisé, le son qui envahit le Félicia est du métal. Des inédits des deux albums à venir (Apartheid Is Nazism, Jérusalem) sont égrenés : Boulevard de la mort, Dji, Jah Houphouët, Sébé Allah Yé, Djinamori, Come back Jesus…Le très classieux hebdomadaire de l’époque, Ivoire Dimanche, parlera ‘’d’hystérie collective’’ dans un Félicia totalement envouté par le Reggae-lumière qui fit du bien aux âmes qui y étaient…

Depuis lors, les premiers éléments du Solar System sont éparpillés à travers le monde. Certains ont rejoint le Royaume céleste auprès du plus grand ‘’Pardonneur’’. Dix ans plus tard, en 1995, les cendres de Gilles Obringer ont été répandus au large de Gorée au Sénégal, selon sa volonté. D’autres poursuivent le combat. Alice Sofa vient de publier Adjou, et on en reparlera… Alpha est devenu une grosse star planétaire au bout de 12 albums de belle facture, réussissant pleinement sa vie. Et après ça ? Après ça, beh après la sortie de Elohim en 2000, ‘’l’artiste n’ayant plus faim’’, l’inspiration a tari, faisant place à des créations aussi fades qu’insipides. A contrario, semblant apparemment bien maîtriser les mouvements du ‘’système solaire’’, Alpha l’inspirateur du Solar System, s’est tourné vers Téré, son espoir, son ami. Pour y sécher paillettes et habits. Dans la dynamique dialectique du renie, du dire et du dédire…

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