Ici débute une série d’éditions de Podium, celui de Ful. Podium, le must des émissions de vacances, de 1977 à 1987. Avec à la clé, vidéos et images inédites. Exercice de maïeutique pour les contemporains des doucereuses années de gloire de notre Télévision.
Après les éditions de 77 à 81, Podium a été interrompu en 1982 et 1983 pour une raison toute simple : Ful était en stage (avec le contingent ivoirien, Soro Solo, Bandaman Debach, G. Wanné, Philipe Bouabré, Mamery Diomandé…) dans les prestigieux Studiosde Bry-sur-Marne, dans le grand Bassin parisien. L’émission reprit avec le retour de Ful, en 1984.
Avec d’énormes difficultés, certes. Mais l’émission reprit quand même. Et les jeunes musiciens inconnus reprirent espoir. Pour la finale de 84 (tout comme pour les éditions passées), Ful invite le menu gratin du show business ivoirien (hommes et femmes des médias, Producteurs culturels, Artistes musiciens, comédiens, peintres, Hommes de Lettres…).
Kobla Marie-Thérèse Chantal Taïba, dont le deuxième album cartonnait (avec les titres Éric, Dakan, Touhombé…), était entre la vie et la mort, hospitalisée au CHU de Treich, suite à un grave accident, en partance pour l’aéroport. Ô, que de torgnoles, de rumeurs les plus méphistophéliques… Que n’avait-on pas entendu ! Bref, on connait la suite… Cette finale de 84 lui était donc dédiée à juste titre…
Les Génitaux, vainqueurs de Podium 81 devant les Farways, étaient en guest star pour ouvrir la finale de Podium 84. Avec ce mémorable générique tout en Reggae, comme Ful l’a toujours voulu, depuis l’époque de l’ORTI des Daouda Koné, Jeanne Agnimel, Saberty Waiper et autres, comme choristes…
Pour la circonstance ce jour-là, Kopa (Chant), Shuken Pat (Clavier), Rubesh (Batterie), Kouao (Chœur et percussion), Frédérique Ehui (Bass guitare) et les autres étaient de cognée. Podium, c’était tout en live. Du générique de l’émission, en passant par les orchestres concurrents, jusqu’aux artistes en guest star. Avec de bons chanteurs. Mais aussi avec de vrais instrumentistes. C’était du live en direct. Et ça, c’était de la Musique… Bref !
Balayages de caméras guidées par les Réalisateurs, BANDAMAN Debach et Soumahoro KANATÉ, qui font frétiller nos mémoires, immortalisant des visages célèbres qui ont fortement contribué à l’édification du patrimoine culturel de cette Nation. Titillement d’un souvenir proche, mais Ô combien déjà lointain.
Revoyons avec une tinte d’émotion, tour à tour, Ahmed TOURÉ, grande voix de la radio, excellent chroniqueur à Radio CI. EKF, jeune loup de Radio CI en ce temps-là, à côté de la belle Aïcha, elle-même assise à côté de Fernand DIDIA, excellent animateur à Radio CI lui aussi. Vient juste après, la grande voix, Spinto BAILLY, alors au sommet de son art. On revoit le père Bassavé et son orchestre familial, ‘’La Famille Bassavé’’ (papa, madame et leurs enfants), venus du Burkina Faso pour une tournée en CI. Le jeune de l’époque W.S Aboké, coiffure afro et nœud pap, avec derrière lui, Adolphe KAPET de Radio CI, en chemise rouge. On revoit les chanteurs Fodé Kouyaté, Abou Smith et GG Léopoldine. Ah tiens, voici la star, le Regretté Johnny Dedi Lafleur ! Gnowli the flower y était aussi. Toujours en embuscade. Avec sa légendaire coiffure afro à la James Brown. Son peigne afro ne devrait pas être bien loin, celui-là… les hommes de main de Ful, Abou Bakar, Noel Dourey… n’étaient pas aussi loin non plus.
On reverra aussi Princesse Cissoko, trop tôt disparu. Kouamé Black Show, concepteur du décor de cette finale. La juvénile beauté encore innocente d’Antoinette Konan, et celle de la sublime et divine Nayanka Bell, dont François Konian venait de produire le premier album, sous le label SIIS. On y apercevra le très excellent critique Journaliste d’Ivoir Dimanche, Jérôme DIEGOU Bailly, le jeune bouillant de l’époque, Honorat DE YEDAGNE…
Puit vint une scène jamais vue (ou presque) à cette époque, dans le mythique Studio B de la Télévision ivoirienne. Pendant que continue de tonner le générique avec les Génitaux, les Réalisateurs permettent aux téléspectateurs d’assister en direct à l’arrivée sur le plateau d’un colis, sur un chariot de manutention, emballé dans un carton. Sans aucun commentaire. Quelle idée loufoque ! à la limite même du saugrenu et du chimérique, maugréeront certains esprits. Déballage en direct. On sort le colis du carton. Eh ben ! Un tabouret royale Akan, couleur or, estampillée RFK ! Symbolisme du pouvoir spirituel et temporel, mais aussi symbolisme du rayonnement du Soleil, symbolisme du haut Dignitaire sur le Royaume…
Enfin apparait Ful ! La première attraction de l’émission, la seconde étant les orchestres en compétition. Cassant la démarche, tout un feeling et de la classe, le tout enrobé dans une dose de subtilité plus ou moins dissimulée. Il ajuste la position du tabouret royal, fait deux pas en arrière pour mieux le contempler et en être satisfait. Juste après, une hôtesse lui apporte ses fiches. Petit bisou (ou presque pas) avec sourires généreux en coin, et le show de la finale de Podium 84 pouvait donc commencer. Le tirage au sort donnera dans l’ordre de passage les Farways de Marcel Doumatey, le Gesco Group, les Roots avec Serges Kassy, Gellu Giclo et Expédition de Chris Blé.
Á cette édition de 1984, le morceau imposé était une ode au Président FHB composée par Jean-Baptiste Yao, lauréat à ce sujet du concours 6è Sillon, en 1966. Pour la circonstance, à défaut de faire venir le père, l’équipe du Studio 302 fit venir la fille, Rose Yao, qui avait 8 ans en 1966, quand elle chantait ce titre…
Á la vue de ces images, que de souvenirs vagues et confus. Le latin parlera de reminisci. Ce que la langue française désignera sous le vocable de réminiscence. Nostalgie de ce célèbre Studio B. De mémoire de téléspectateur, ce fut une des plus belles affiches d’une finale de Podium du temps de Ful, nos grands moments de télé à nous…
Á suivre, la fabuleuse histoire des Farways, vainqueurs de Podium 84.
alytoure080@gmail.com
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